Il s'agit d'un résumé de Parti, K. (2022). “Elder Scam” Risk Profiles: Individual and Situational Factors of Younger and Older Age Groups’ Fraud Victimization. International Journal of Cybersecurity Intelligence & Cybercrime, 5(3), 20-40.
Que nous dit la littérature?
Bien que n’importe qui puisse être victime de fraude en ligne, ces dernières touchent plus particulièrement les individus âgés de plus de 60 ans. Alors que leurs activités quotidiennes migrent de plus en plus sur Internet, les personnes âgées deviennent plus vulnérables à la cybercriminalité. Des chercheurs ont démontré qu’une diminution des fonctions cognitives, un excès de confiance quant à ses connaissances financières et une plus grande volonté de prendre des risques financiers seraient des facteurs explicatifs de la victimisation aux fraudes des personnes âgées. En outre, les personnes âgées sont également moins enclines à signaler leur victimisation aux autorités compétentes parce qu’elles souhaitent cacher la diminution de leurs facultés cognitives afin de maintenir leur indépendance financière et elles craignent d’être blâmées. Pour ces raisons, il est souvent trop tard lorsque des proches de ces personnes interviennent et les pertes sont assez considérables.
Que nous propose l'étude?
Pour comprendre la victimisation des personnes âgées à la fraude en ligne, Katalin Parti a pris en compte les facteurs liés au mode de vie, la maîtrise de soi et les variables sociodémographiques. Les facteurs liés au mode de vie ont été définis selon la théorie des activités routinières (voir ci-dessous). La maîtrise de soi est définie comme la capacité d’un individu à faire preuve de retenue face à une gratification immédiate et facile et la faible maîtrise de soi a été démontrée comme étant un facteur explicatif de la victimisation à la cybercriminalité.
La chercheuse s’est appuyée sur un sondage américain portant sur les habitudes en ligne et la victimisation à la fraude. Au total, ce sont les réponses de près de 334 répondants âgés de plus de 55 ans qui ont été analysés dans cette étude.
La théorie des activités routinières
La théorie des activités routinières suggère que les activités quotidiennes d'un individu contribuent à sa victimisation. La théorie postule l’idée qu'un crime sera probablement commis si une cible appropriée, un délinquant motivé et l'absence d'un gardien capable convergent dans l'espace et le temps. Bien que la théorie ait été conçue à l'origine pour expliquer la victimisation des crimes contre la propriété, le cyberespace offre également des opportunités idéales de commettre des crimes, car nos activités quotidiennes, telles que le travail, les études, les relations sociales et le divertissement a lieu sur Internet.
Que retenir?
Les résultats de l’étude montrent que la faible maîtrise de soi chez les personnes âgées expliquerait un plus grand risque de victimisation à la fraude en ligne, notamment parce que dans ces types de fraudes, les fraudeurs font souvent appel aux émotions, laissant peu de place aux individus de prendre le temps de réfléchir.
Les protections techniques (logiciels antivirus, etc.) et non techniques (cache-caméra, gel des cartes de crédit, etc.) ne diminuaient pas les risques de victimisation chez les personnes âgées.
Parmi les habitudes en ligne, le fait de passer beaucoup de temps sur Internet n’expliquait pas la victimisation des personnes âgées. Cependant, le fait de payer des fraudeurs (dans le cas de la fraude aux grands-parents et la fraude amoureuse) serait associé à un plus grand risque de victimisation. Ce résultat implique que de plus grands efforts de sensibilisation doivent être mis en place pour aider les personnes âgées à reconnaître et à prévenir ces fraudes.
Comments